Cinéma

OSS 117 et le choc des générations

15 août 2021

Depuis que j’ai appris qu’un nouveau volet allait voir le jour je m’interroge sur ce film. En réalité, ce n’est pas tant à cause du film lui même que pour son réalisateur. Car oui, à l’image de la bien-pensance parisienne, Nicolas Bedos, dans un film porté par l’humour raciste et sexiste décomplexé, argh comment dire…

Néanmoins, je mets un point d’honneur à ne rien critiquer, positivement comme négativement, sans l’avoir vu. Si je ne connais pas, je ne parle pas.

Lors de la sortie de la bande annonce, je me précipite dessus, et…. rien de spécial à signaler. L’humour me semble coller à l’univers, ni trop ni pas assez. D’une certaine manière, je suis presque déçue de ne pas être choquée. Cependant, la bande annonce, c’est joli, mais on y met bien ce qu’on veut. Je n’ai alors qu’une hâte, pouvoir me rendre au cinéma et découvrir le film en entier.

En ce premier dimanche de sa sortie, je m’y rends, la salle est pleine. Trop pleine. Je m’apprête donc à passer plus d’1h30 de film à côté d’un couple qui a décidé de boire du coca bien gazeux et de manger du pop corn pendant toute la séance. Je ne suis que joie. Qu’à cela ne tienne, je suis venue pour passer un bon moment.

OSS 117 : Alerte rouge en Afrique noire (réalisé par Nicolas Bedos – 2021 – 116 mins)

Dans ce nouvel opus, on retrouve notre espion préféré, Hubert Bonisseur de La Bath alias OSS 117 (Jean Dujardin), en 1981, quelques mois avant les élections présidentielles françaises.

Le film débute en Afghanistan et Hubert est retenu prisonnier, ses ravisseurs exigeant des armes à la France en échange de sa libération. Il parvient à s’échapper, et à son retour à Paris, il rencontre Serge alias OSS 1001 (Pierre Niney), tout jeune espion. Ce dernier va alors être envoyé en mission en Afrique noire, pendant qu’Hubert, vieillissant, sera assigné au traitement informatique des dossiers de l’agence.

Alors qu’on n’a plus de nouvelles de Serge, OSS 117 est envoyé en Afrique afin de le retrouver et de poursuivre sa mission, à savoir aider un dirigeant africain corrompu à mater les rebelles à l’ère de la Françafrique.

From Africa with Love – Performed by Indy Eka – Music and lyrics by Anne-Sophie Versnaeyen & Nicolas Bedos

Tout d’abord, je tiens à dire que j’ai rigolé, à plusieurs reprises. Dire le contraire serait un parfait mensonge. D’ailleurs, l’humeur de la salle était plutôt joyeuse, tout au long de la séance.

Le talent des acteurs dans leur ensemble permet de maintenir l’attention du spectateur. Les mimiques de Jean Dujardin et les attitudes de Pierre Niney apportent le plus gros du rythme et de l’humour. Le duo fonctionne parfaitement. Leur style diamétralement opposé apporte au gag. Les silences de Pierre Niney face à un OSS 117 dont il se demande s’il est un géni ou bien s’il est au contraire un imbécile profond sont merveilleux. Il faut donc ici souligner la qualité de directeur d’acteur de Nicolas Bedos.

J’ai apprécié aussi les petites allusions à l’époque contemporaine. Le personnage de « millenials » super connecté (pour les années 80 on s’entend) et très éveillé aux préoccupation sociétales modernes campé par Pierre Niney en est un bon exemple. Les références presque pas cachées aux mouvements sociétaux que nous traversons, en sont un autre. Ainsi, dans l’une des scènes d’introduction, alors qu’Hubert affuble chacune des femmes du bureau d’une fessée de « bonjour », l’une d’entre elle va lui dire « glad to see you », ce à quoi il répondra « Me too ».

Cependant, si on retrouve le côté beauf, sexiste, raciste et dépassé de OSS 117, les scènes d’humour sont moins régulières que dans les précédents opus, moins fortes, et souffrent peut être de quelques défauts de réalisation…

Je pense que ce qui a toujours le plus plu dans le personnage de OSS 117 c’est justement son côté borderline et vieille France. Pas tant pour ces caractéristiques là en tant que telles, mais surtout parce qu’il n’avait pas conscience d’être ce personnage. Une caricature de lui même que nous pouvions apprécier dans la mesure où ce personnage était beaucoup trop ancré dans une réalité arriérée au point d’en devenir grotesque. Il était idiot, il était has been, il sortait des énormités, mais tout cela était contrebalancé par le fait que l’on pouvait se moquer de lui sans scrupule.

Alors certes, comme pour les précédents volets, on retrouve la plume de Jean-Francois Halin. Les blagues de OSS 117 sont systématiquement désamorcées par un autre personnage. Cependant j’ai été particulièrement gênée par le fait que tout au long du film, l’espion finisse par prendre conscience de sa bêtise, tente de prendre des pincettes dans ses propos, et se vexe quand on se moquait de lui. Dans le même registre, alors que les deux premiers volets dépeignaient un personnage ridicule, ici, les « blagues » de l’espion français semblent parfois avoir pour seul but de provoquer. Dès lors, ses interventions perdant en naïveté, elles deviennent  moins acceptables. Ce que l’on peut entendre d’une personne inconsciente de la teneur de ses propos deviendrait presque inaudible dès lors que cette même personne sait ce qu’elle dit. Or, là où la gêne prend sa place, le potache devient lourdingue.

Quoi qu’il en soit, et malgré tous mes a priori, je dois dire que je n’ai pas passé un si mauvais moment en regardant ce film. Il n’est pas à la hauteur des deux précédents, mais n’est pas aussi horrible que ce à quoi je m’attendais.

Sans rien spoiler, la fin nous laisse à penser qu’une suite pourrait être envisagée. Bonne ou mauvaise idée, je ne sais pas exactement quoi en dire. Parfois il est des chapitres qu’il est bon de refermer pour ne pas les dénaturer.

Pour l’anecdote, lundi soir, M6 a diffusé les deux premiers opus. Définitivement, ils étaient bien plus drôles.

Ah et au fait, comme c’est la mode aujourd’hui pour tous les films avec des héros qu’ils soient Super ou non, je vous conseille de rester jusqu’à la fin du générique. Genre, vraiment la fin. Il est possible qu’il y ait une scène post-générique. Mais bon. Je dis ça, je ne dis rien.

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