Simone Veil « les combats d’une effrontée »

Hier soir, j’ai eu le grand plaisir de faire quelque chose que je n’avais pas eu l’occasion de faire depuis de (trop) nombreux mois. Je me suis rendue au Théâtre.

SIMONE VEIL « LES COMBATS D’UNE EFFRONTÉE », d’après Une vie de Simone Veil (adaptée par Cristiana Reali et Antoine Mory – Mise en scène par Pauline Susini – 1h15)

A l’annonce de l’entrée de Simone Veil au Panthéon, une jeune doctorante, Camille (Noémie Develay-Ressiguier/ Pauline Susini)  est invitée à prendre la parole sur cette grande Dame dans une émission de radio. Tout au long de l’émission, un dialogue se crée entre Simone Veil (Cristiana Reali) et Camille, entre deux générations.

Tout au long de la pièce les évènements les plus forts de la vie de Simon Veil sont retracés. Tantôt au travers d’archives sonores ou visuelles, tantôt par la déclamation d’extraits de son autobiographie Une Vie.

Cette pièce nous rappelle quelle femme exceptionnelle et forte était Simone Veil, quels ont été ses combats, et combien cette femme a été une pionnière. Figure incontestable du 20^ème siècle, de la construction européenne et du féminisme, par le biais de cet échange intergénérationnelle, la pièce parvient à démontrer combien il s’agissait d’une femme moderne. Une modernité encadrée par le contexte français dans lequel elle évoluait, et qui peut être pourrait interroger une jeune femme d’aujourd’hui, mais une femme moderne malgré tout.

A ce titre, la pièce nous rappelle par exemple combien il aurait été impossible, dans une Assemblée quasi exclusivement composée d’hommes, de présenter le projet de Loi pour l’IVG en prônant le droit des femmes à disposer de leur corps. Afin d’obtenir l’écoute de tous, elle fera le choix, en tant que Ministre de la Santé, de mettre l’accent sur la problématique de santé publique liée aux avortements illégaux.

Pendant la pièce, j’ai tantôt été émue, en colère, et admirative. Mais j’ai ri également. J’ai ri quand Cristiana Reali fait dire à Simone Veil combien les combats d’hier ne sont toujours pas gagnés, notamment ceux du foyer conjugal. Une femme qui travaille ? A quoi bon ? J’ai souri aussi quand il est régulièrement évoqué la place difficilement acceptée par « Monsieur Simone Veil ».

Enfin, cette pièce pointe le doigt sur l’importance de la mémoire, et de la transmission. Cette mémoire qui, au fil des années, voit ses porteurs disparaître. De combien il est important de se souvenir du passé pour construire le futur.

Cristiana Reali campe ici une Simone Veil plus vraie que nature, embrassant même sa silhouette et sa tonalité vocale. Un grand travail de comédienne.

Si je suis totalement honnête je dois malgré tout avouer que cette pièce emporte mes élans davantage pour la vie hors du commun de Simone Veil que pour l’objet pièce de théâtre en tant que tel.

Après la pièce, nous sommes allées au restaurant mes copines et moi. Je ne sais pas si c’est cette pièce ou bien nos obsessions personnelles, quoi qu’il en soit, nous avons passé la soirée à parler charge mentale, déconstruction, et combats sociétaux.

Ce fut une très belle soirée. Ce n’est pas la plus belle pièce que j’ai eu l’occasion de voir, mais c’est probablement l’une des plus fortes et des plus essentielles. Toutes les écoles devraient s’y rendre, pour ne jamais oublier.

Actuellement au Théâtre Antoine