Cinéma

« Mourir peut attendre », mais pas son visionnage au cinéma

31 octobre 2021

« My name is Bond. James Bond ».

Il y a un certain nombre de films que je ne manque pas, plus par habitude que par véritable plaisir. C’est comme un rituel, dès qu’un nouvel opus sort, je vais le voir. Parce que tout le monde s’y rend et que forcément, tout le monde va en parler. Parce que ça fait parti de la règle d’une certaine façon. Ce sont des franchises tellement importantes que ce serait presque une faute que de ne pas s’y rendre quand on dit apprécier le cinéma.

Alors sans aucune surprise je suis allée voir le dernier JAMES BOND la semaine de sa sortie.

Quand je dis que cette franchise ne me procure pas de véritable plaisir c’est un peu fort. Disons, pour être honnête, que j’ai découvert les JAMES BOND il y a environ 10 ans. J’avais demandé à ma mère de m’acheter l’intégrale des films déjà sortis afin de rattraper mes lacunes. J’ai tout regardé, quasiment d’une traite, mais un peu comme quand on enchaine ses tâches obligatoires. C’était sympa, mais je n’en suis pas ressortie fan.

Pour autant, quand un nouveau opus de l’espion britannique sort, je réponds présente.

MOURIR PEUT ATTENDRE (réalisé par Cary Joji Fukunaga– 2021 – 163 mins)

Dans ce film, on retrouve James Bond (Daniel Craig), trahi, qui s’est retiré en Jamaïque. Et alors que ce dernier pense pouvoir vivre une retraite paisible, son ami Felix Leiter (Jeffrey Wright), de la CIA, fait appel à lui pour une mission qui s’avérera plus complexe et dangereuse que prévu.

Tout d’abord, je me dois de prévenir les plus rigides sur la VO (dont je fais partie) : les premières minutes sont volontairement en français. Car oui, je dois l’avouer, j’ai d’abord cru que je m’étais trompée de séance. Or, passer 2h43 avec un mauvais doublage ça me semblait être la porte d’entrée vers les enfers et alors mourir n’aurait pas pu attendre (« jeu de mots » !). Mais plus de peur que de mal.

Alors je vous spoile direct : à ma plus grande surprise, j’ai vraiment bien aimé ce film. L’action y est soutenue, les personnages intéressants, et finalement je n’ai pas trouvé le temps si long.

Une des choses que j’ai le plus apprécié, c’est que selon moi, ce film clôture parfaitement l’ère Craig.  Car oui, il existe, pour moi deux types de James Bond.

D’un côté, on a le James Bond originel qui pouvait se prendre des coups sans en conserver la moindre égratignure et qui était un être, bien que séducteur (misogyne?), absolument dépourvu de tout arc émotionnel.

De l’autre, nous avons le James Bond de Craig, qui laisse apparaître justement l’humanité derrière le héros et qui se laisse, par moment, dépasser par ses émotions. La fin du film est d’ailleurs à l’image de ce James Bond plus humain, et c’est probablement une des raisons qui a renforcé mon appréciation du film.

Daniel Craig

Alors les aficionados du héros pourront considérer qu’il y a une certaine dénaturation du personnage. Mais au moins, on peut saluer la constance jusqu’à la fin de cet arc.

Comme beaucoup, je reste dubitative face au coup de foudre passionnel (et peu crédible) entre James Bond et Madeleine Swann (Léa Seydoux). Mais je dois reconnaître que si je n’étais pas convaincue par l’interprétation de Léa Seydoux au début du film, elle a su me séduire tout au long de celui-ci et son personnage a pris davantage de corps.

Les scènes de bagarres et de course poursuite dans les rues italiennes ou encore en Jamaïque sont vraiment de grande qualité. Et il faut saluer ici le talent de son réalisateur. Par conséquent, même si l’âme originel de JAMES BOND pouvait manquer à certains, ils sauront forcément apprécier cet opus comme un très bon film d’action.

Par ailleurs, j’ai aussi beaucoup aimé la manière dont la question de la succession de l’agent 007 a été amenée.

Soyons honnête, c’est un peu la question à 1 million de dollars. Personnellement, je m’en moque à un point tel que ça en est ridicule. Mais vu le nombre de papiers rédigés, cette question semble agiter les foules.

Si ce film ne répond pas directement à la question, j’ai trouvé particulièrement ingénieux la manière dont est expliqué l’utilisation du matricule 007 par une agent femme. J’ai trouvé cela très pertinent et très juste. Même moi qui pouvais avoir certains doutes, j’ai été convaincue par l’explication.

Je pense malgré tout que indépendamment du talent de Lashana Lynch, qui interprète une 007 nouvelle génération, il est très peu probable qu’elle reprenne le flambeau, tant son personnage est secondaire, si ce n’est moins. Selon moi, s’il s’était agit de l’introduire pour les prochains films, son personnage aurait été davantage travaillé.

Lashana Lynch et Daniel Craig

En parlant de femme, je tiens à souligner la qualité de jeu de Ana de Armas qui interprète Paloma, une jeune femme aussi candide que redoutable. Son personnage aurait mérité, selon moi, d’avoir plus d’importance, tant le talent de son interprète est certain.

Ana de Armas

Enfin, et parce que même quand on apprécie un film, il peut y avoir des choses que l’on regrette, je dois vous parler de ma plus grande frustration qui repose sur le personnage de Lyutsifer Safin interprété par Rami Malek.

Outre le fait que, et je sais que je vais me faire taper dessus, je ne comprends pas la hype autour de cet acteur que je trouve… insipide, ce personnage est, selon moi, d’une des plus grandes incohérence au cinéma (non je n’exagère pas ok ?!).

Quand le film s’ouvre, ce personnage de méchant apparaît, chassant la petite Madeleine alors enfant. Plusieurs années plus tard, c’est le même acteur qui poursuit Madeleine devenue adulte… YA PAS UN PROBLEME DOCTEUR ? Je veux bien qu’il y ait la magie du cinéma toussatoussa, mais en terme d’incohérence c’est un peu fort de café quand même. Mais soit.

Rami Malek et Léa Seydoux

Indépendamment de ce petit couac, je dois dire que je trouve ce personnage d’antagoniste assez peu terrifiant. D’une certaine façon, il est là parce qu’il doit y être pour répondre aux exigences de la franchise. Un JAMES BOND sans méchant, ce n’est pas véritablement un JAMES BOND.

Mais, conformément au tournant qui a été pris tout au long de ce chapitre, cet épisode met en lumière le fait que l’ennemi est souvent davantage le passé qui revient nous hanter qu’un tiers personnifié.

Un très bon moment à passer au cinéma.

PS : Comment vous laissez sans la merveilleuse Billie Eilish qui interprète avec brio la bande originale de No Time To Die.

No time to die – the theme song for the 25th James Bond film – 2020

  • Reply
    Joyce
    31 octobre 2021 at 15 h 10 min

    Cela fait longtemps que je n’étais pas venue ici, ton écriture est toujours aussi sincère et étoffée, merci pour ce bel article. Pour moi les James Bond sont un « passe temps » sympa, j’attende qu’ils passent à la télé pour les voir. Mais je reconnais qu’il FAUT les voir, cinéphile ou non. Et j’ai hâte de voir celui-ci !

    • Reply
      Du Sable Sous Le Bitume
      31 octobre 2021 at 15 h 14 min

      oh merci beaucoup <3.

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