Cinéma

La Tragi-comique House of Gucci

28 novembre 2021

Ces dernières années on a vu se développer à foison des œuvres en lien avec l’univers du meurtre. Que ce soit des films ou des séries qui les relatent de manière quelque peu scénarisée, ou encore des documentaires qui épluchent toutes les strates de la personnalité du tueur.

Malgré toutes mes bonnes volontés, ce type de récit ce n’est pas pour moi. Et pourtant, parmi mes personnes préférées sur Terre il y en a certaines qui sont plus que fan et sont incollables sur toutes les histoires les plus sordides (big up à mes go sures qui se reconnaitront <3)

Mais qu’on le veuille ou non, ce type de récit reste assez incontournable dans l’offre ciné-série de notre époque.

Parmi ces œuvres, il y en a une que j’attendais depuis longtemps, depuis la toute première bande annonce, tant elle promettait de l’extravagance et du rythme. C’est donc avec excitation que je me suis rendue au cinéma ce samedi.

HOUSE OF GUCCI (réalisé par Ridley Scott – 2021 – 157 mins)

Adapté du livre The House of Gucci: A Sensational Story of Murder, Madness, Glamour, and Greed de Sara Gay Forden, le film HOUSE OF GUCCI relate l’un des faits divers les plus retentissants des années 90. Nous suivons alors Maurizio Gucci (Adam Driver) petit fils et héritier du fondateur de la marque de luxe italienne Gucci et sa futur ex-femme, Patrizia Reggiani (Lady Gaga) jusqu’au meurtre de celui-ci commandité par cette dernière. Pas de spoiler, c’est juste le synopsis.

Vous le savez, je cherche toujours à être honnête, et à ne pas laisser parler uniquement mon ressenti. Vous comprendrez donc que ce que je vais vous dire par la suite, je l’ai pesé, j’y ai repensé, et j’ai fini par l’accepter.

 Je n’ai PAS DU TOUT aimé ce film.

Pour moi, il s’agit simplement d’une telenovela à gros budget, mais de mauvaise qualité. Et pourtant je peux tout à fait être cliente de telenovelas tant que celles-ci s’assument pour ce qu’elles sont et qu’elles ne durent pas plus de 2h30.

D’ordinaire je suis très bon public. Et même si je n’apprécie pas tout, il y a peu de choses que je n’aime pas. Je suis par exemple tout à fait cliente d’un petit Fast and Furious qui n’a pour seul objectif d’être ce qu’il veut être. J’apprécie aussi tous les récits parodiques ou ubuesques. Un de mes films préférés est The Rocky Horror Picture Show, c’est dire.

Mon problème ici est que j’ai l’impression qu’on veut nous vendre un grand film de cinéma qui aurait mérité d’être, au maximum, une série Netflix.

Quand on s’intéresse à toutes les péripéties qu’a connues ce film, que Ridley Scott veut tourner depuis 2006, et le flot de stars qui étaient pressenties pour jouer les rôles principaux, le résultat plus que décevant se comprend. Ridley (oui je me permets cette familiarité ponctuelle), il faut savoir comprendre les signes. Quand ça ne veut pas, çà ne veut pas.

Ridley Scott dans Paris Match

Alors je tiens à souligner malgré tout la grande qualité du casting et du jeu des acteurs (les pauvres).

En particulier Lady Gaga qui est absolument formidable dans une Patrizia avide de richesse et de pouvoir plus vraie que nature. Adam Driver, dans le rôle du jeune héritier, nous propose, comme à son habitude, une très belle interprétation de son personnage ou tout du moins il fait au mieux, tant son personnage est assez peu écrit. Mais je souhaitais absolument énoncer mon plaisir d’avoir vu Camille Cottin à l’écran, qui interprète Paola Franchi, nouvelle compagne de Maurizio, et qui est en plus d’être remarquable dans son interprétation, est absolument magnifique dans ce film. Je sais, ce n’est pas forcément très female gaze, mais je ne peux pas m’empêcher de le remarquer. Et bien sûr, Al Pacino Mesdames Messieurs.

Camille Cottin

Gros bémol au contraire s’agissant de Salma Hayek qui campe ici une diseuse de bonne aventure au summum du cliché, et Jared Leto, assez pathétique, à qui, s’il vous plait, il serait urgent de dire d’arrêter de vouloir jouer la transformation physique systématique. Mettre un postiche de fausse calvitie ne suffit pas à faire de vous un grand acteur. Ça devient presque ridicule. Le pauvre homme n’a vraiment pas fini joyeusement dans la vraie vie, il s’agirait de le respecter un minimum au moins dans la fiction…

Jared Leto dans le rôle de Paolo Gucci, cousin de Maurizio Gucci

Alors je pourrai aussi vous parler du trop grand nombre d’ellipses dans le film qui rend certaines scènes un peu surprenantes et qui font notamment disparaître du récit l’un des enfants du couple principal. Ou encore de l’accent italien tout au long des dialogues alors que le casting est majoritairement américain qui fait plus penser à la mafia des bas fonds de New York qu’à la haute couture italienne, mais bon… passe encore.

C’est à se demander si le propos était de raconter l’histoire telle qu’elle s’était passée, ou plutôt de faire un récit adapté librement de cette histoire. Car pour être honnête, il semblerait que le souhait de Ridley Scott était plus de raconter cet événement sous le prisme de « Patrizia la vénale », prenant, comme à son habitude, partie dans son récit, au détriment de la vérité factuelle. Dans ce cas, peut-on vraiment parler d’un biopic?

Je ne peux m’empêcher de me dire que ce ton un peu léger, telle une opérette, était peut être souhaité. Mais dans ce cas, la mise en scène est tellement maladroite que ça ne peut pas fonctionner.

Je suis sortie de la salle avec pour seule émotion, l’ennui, et l’impression d’avoir perdu une bonne partie de mon samedi après midi.

En règle générale, même quand les personnages principaux sont des êtres abjects, et commettent des actes abominables, on arrive toujours à avoir une certaine empathie pour eux, ou leurs victimes. Ici non. Ils sont tous viles, égoïstes, hors de contrôle, et insipides. Je n’ai eu envie de compatir pour personne tant leurs histoires me désintéressaient.

Au final, je me dis que si je devais résumer ce film ce pourrait être : Les riches s’entretuent et on s’en fiche.

Bref. Ça ne peut pas fonctionner à tous les coups.

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