Cinéma

En attendant Bojangles : un drame fantaisiste et délicat

9 janvier 2022

Quand je me suis levée ce matin là, j’avais tout un programme. Tout d’abord faire un peu de ménage, ensuite, mettre en route une machine de linge, faire des courses, prendre mon petit déjeuner, et enfin me plonger dans mes révisions jusqu’à la fin de la journée.

Pour me motiver davantage, je décide de réserver une séance de cinéma pour le soir même, en guise de récompense pour cette longue journée de labeur.

Je fais défiler les différentes propositions. Ce film, non, les horaires ne conviennent pas, celui-ci, je l’ai déjà vu la semaine dernière, celui-là, pas du tout le mood dans lequel je veux me retrouver. Et là je tombe sur LE film qui, je le sens, est celui dont j’aurai besoin dans quelques heures. Je réserve alors pour la séance de 20H30.

Je savais que j’allais passer un bon moment, et je ne me suis pas trompée.

EN ATTENDANT BOJANGLES (réalisé par Régis Roinsard – 2021 – 124 mins)

En 2016, quand le livre dont ce film est l’adaptation sort, je découvre, en plus de la plume de son auteur, Olivier Bourdeaut, un récit exceptionnel. Je me souviens encore avoir lu ce livre d’une traite en une soirée alors que le lendemain je devais aller travailler… La nuit fut TRÈS courte. Je serais absolument incapable de vous narrer les différentes péripéties, les détails de chaque scène, mais je me souviens de l’émotion qui m’avait prise à la fin du récit, à quel point j’avais pleuré et combien j’avais quitté ce livre le cœur plein d’amour pour les personnages et leur réalité.

En ce vendredi soir, je me dirige donc vers le cinéma avec l’attente de retrouver cette émotion.

EN ATTENDANT BOJANGLES nous parle de Gary (Solàn Machado-Graner) et de ses parents, Camille – Odette ou encore Rita (Virginie Efira) et Georges (Romain Duris) qui, afin d’échapper à une réalité trop monotone s’inventent une vie pleine de fantaisie, de danse et de châteaux en Espagne. Mais les barrières de l’imagination commencent à s’effriter quand l’excentricité et la poésie laissent leur place à la folie et la dureté de la réalité.

J’ai adoré passer ma soirée avec ces personnages et me replonger dans cette histoire aussi fantasque que sérieuse. Car il ne s’agit aucunement d’une comédie légère. Ce récit, un peu comme les nénuphars de Boris Vian dans son roman L’Ecume des Jours, nous parle d’un sujet sérieux, qui, s’il peut prêter à rire à certains égards, efface tout sourire dès lors qu’il ne peut plus être maîtrisé.

Mais ce récit parle aussi et surtout d’amour. Un amour sans limite, sans jugement, inconditionnel. Bref, un amour fou. De ceux que l’on imagine pour continuer à rêver mais qu’on ne souhaiterait pas forcément dans la réalité.

Si ce film réunit de très bons acteurs, Romain Duris, ou encore le formidable Grégory Gadebois, il est, selon moi, principalement porté par l’interprétation magistrale de Virginie Efira qui ne cesse de rayonner de film en film. Cette actrice est une véritable révélation pour moi à chaque apparition. Je la trouve absolument magnifique.

Virginie Efira et Solàn Machado-Graner

J’ai également beaucoup apprécié le travail de direction artistique et notamment le fait que la force des couleurs évoluait en fonction des humeurs de Camille.

Bien qu’ayant passé un moment délicieux, je me dois d’être honnête en disant que l’objet cinématographique connaît néanmoins quelques irrégularités.

Si la deuxième partie du film est assez bien maitrisée d’un point de vue rythmique, la première souffre de nombreuses longueurs. La réalisation est aussi pour moi assez pauvre et trop sage. Une telle histoire et le sujet sur lequel elle porte appelleraient probablement à plus d’envolées poétiques et créatrices, à l’image des histoires que peuvent s’inventer les personnages. J’ai très sincèrement le sentiment que l’émotion du film repose essentiellement sur la force du récit original et le talent de Virginie Efira.

Enfin, et même si je n’aime pas faire des comparaisons entre les livres et leurs adaptations au cinéma, je dois dire que le choix fait par le réalisateur, Régis Roinsard de narrer le film, dans un premier temps sous le prisme de Georges et non pas de Gary comme dans le livre, m’a un peu moins séduite. Je me souviens avoir été particulièrement marquée par le fait que l’ensemble des fantaisies du couple Camille et Georges, était raconté par leur fils, et qu’une certaine candeur due à son jeune âge et à son regard d’enfant ajoutait à la poésie du récit.

Si on met de côté cette lecture plus technique, je recommande vivement ce film. Si je n’ai pas été autant emportée qu’en découvrant le roman, j’ai malgré tout quitté la salle avec des larmes séchées sur mon visage. Pour dire vrai, j’ai même attendu la fin du générique afin de conserver mon émotion le plus longtemps possible avant de m’enfoncer dans le froid de la rue.

Je vous invite tous à aller voir ce film et à danser sur Mr Bojangles.

PS : les différentes danses ont été chorégraphiées par Marion Motin. Une raison de plus, s’il en fallait, de courir voir ce film.

  • Reply
    Aure
    9 janvier 2022 at 12 h 13 min

    Alors si les chorégraphies sont de Marion Motin cela laisse imaginer à la grandeur du film .
    Comme d’habitude un plaisir de te lire .
    Bravo 👏👏

    • Reply
      Du Sable Sous Le Bitume
      9 janvier 2022 at 12 h 57 min

      Merci d’avoir eu le courage de lire jusqu’au bout du bout 🙂 Et merci pour ton message.

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