Cinéma

EN CORPS ou l’amour de la danse sur grand écran

24 avril 2022

Je me souviens que quand j’ai eu à rédiger mon premier CV à l’occasion de la recherche de mon premier job d’été, dans la rubrique « divers » j’avais mentionné mon affection pour le cinéma, et en particulier les films de Cédric Klapisch. Evidemment, comme beaucoup de personnes de ma génération, j’ai été marquée par l’Auberge Espagnole et la découverte de Romain Duris.

J’ai ensuite toujours suivi le travail de ce réalisateur. Et alors, bien que l’ensemble de sa filmographie ne soit clairement pas égal, à chaque sortie de l’un de ses films, je cours au cinéma.

EN CORPS (écrit et réalisé par Cédric Klapisch – 120 mins – 2022)

Elise Gautier (Marion Barbeau) est une talentueuse danseuse de ballet à qui tout semble sourire. Le soir de la première, suite à une désillusion amoureuse, elle tombe et se blesse. Le diagnostic est sévère, elle va devoir se faire opérer et ne pourra probablement pas retrouver la souplesse de sa cheville. Alors qu’elle essaie de se rendre à l’évidence et envisage d’arrêter sa carrière de danseuse, elle fait la rencontre d’une troupe de danse contemporaine.

Ce film s’ouvre sur une longue introduction dans les coulisses du ballet. On suit Elise jusqu’à son entrée en scène. La découverte de la trahison, la pénible maîtrise de son corps dans chacun de ses mouvements. Une proximité sensorielle qui place le spectateur au plus prés de l’histoire et qui accompagne la tension que vit sa protagoniste principale jusqu’à la chute, presque, inévitable.

Le générique apparaît alors à l’écran, et un tout autre rythme est emprunté par le film, comme pour ancrer le spectateur et les personnages dans une réalité moins envolée.

J’ai bien aimé ce film. Les personnages sont beaux, gentils, bienveillants. Mais il ne m’a pas bouleversée.

Tout d’abord, il faut saluer le travail d’interprétation de Marion Barbeau, véritable danseuse de ballet de l’Opéra national de Paris, et qui ici, livre son premier travail d’actrice pour un rôle principal avec beaucoup de justesse.

Marion Barbeau (En Corps)

Comme à son habitude, Cédric Klapisch a également su faire la part belle à ses personnages secondaires. Tantôt loufoques, tantôt paumés.

Ainsi, Loïc (Pio Marmaï) est un cuisinier talentueux et inspiré. Josiane (Muriel Robin) une grande tante qui nous bouscule autant qu’elle nous aime. Henri Gautier (Denis Podalydes) un père gauche mais sincère. Mon petit bémol portera peut être sur le personnage de Yann (François Civil) un kiné porté sur les médecines douces et qui fait montre d’une lourdeur et d’une insistance inégalable vis à vis d’Elise sur laquelle il semble avoir jeté son dévolu. J’imagine que le but était de montrer un personnage maladroit et attendrissant, il m’a juste fatigué. Pourtant j’adore cet acteur, qui aurait mérité un rôle mieux écrit.

François Civil (En Corps)

J’ai cependant trouvé dommage qu’on ne cherche pas plus à explorer ces différents personnages et leurs histoires, notamment celles des personnages interprétés par Pio Marmaï et Muriel Robin, qui interviennent parfois de façon un peu trop hasardeuse.

Si l’histoire qui est racontée a évidemment son importance, le travail de Kaplisch met systématiquement en valeur le talent des acteurs. Si ici leur qualité est indéniable, on peut regretter une certaine faiblesse dans les dialogues qui limite la possibilité pour eux de développer un véritable jeu, et de faire transparaître toute une palette d’émotions. J’ai été contente de retrouver ces acteurs à l’écran car je les aime. Moins pour ce qu’ils m’ont fait ressentir.

Enfin, et surtout, EN CORPS m’a permis de découvrir le travail du chorégraphe Hofesh Shechter (qui interprète son propre rôle), et le caractère très organique de son travail.  Si ces différents tableaux m’ont donné envie de découvrir sa troupe sur scène, ils m’ont aussi, par moment interrogée, tant je ne pouvais m’empêcher de me demander quelle était la limite entre la fiction et la réalité, entre le cinéma et un spot publicitaire (de très grande qualité).

En tout état de cause, ce film parle de la danse, des différences et/ou des préjugés qu’il peut exister entre les différents types de danse, le classique étant souvent considéré comme la catégorie la plus pure de cet art. Le réalisateur filme les danseurs avec beaucoup d’amour, et nous emporte avec eux dans les différentes chorégraphies. On suit Elise à travers son amour pour la danse, qui transcende les genres. Mais il est également question de la reconstruction quand notre vie n’est guidée que par un rêve et que celui-ci pourrait être amené à prendre fin.

La scène de danse finale est intense et chargée en émotions. J’ai personnellement regretté qu’elle ne fût plus longue. Et, peut être même, que, selon moi, le film aurait pu s’arrêter à ce moment là, tant la force de la chorégraphie et de son interprète répondent à tous les questionnements du film.

EN CORPS n’est peut être pas le meilleur Klapisch que j’ai vu, mais il a su remplir son rôle « doudou » que je lui demandais, ce qui est, en soi, déjà un pari gagné pour moi.

Un extrait du travail d’Hofesh Shechter :

IN YOUR ROOMS by Hofesh Shechter

PS : Ouvrez bien l’œil, le réalisateur, comme à son habitude, s’est amusé à faire plusieurs caméos dans son son film.

  • Reply
    Aure
    24 avril 2022 at 19 h 34 min

    Je suis une grande admiratrice de la compagnie Hofesh Shechter et une amoureuse de la danse depuis toujours… ton article m a donc naturellement donné envie de me rendre au cinéma pour découvrir ce film… qui je pense ne pas pouvoir m’empêcher de danser pendant la séance 😂

    • Reply
      Du Sable Sous Le Bitume
      24 avril 2022 at 21 h 27 min

      Hahaha! Je pense que te mettre à danser serait la plus belle récompense pour ce film. Il faut absolument que tu me fasses découvrir davantage du travail de ce chorégraphe.

  • Reply
    Aure
    18 mai 2022 at 15 h 40 min

    Je suis allée à la séance ce matin le voir enfin …. et bien je peux le dire : Ce film m’a bouleversé.. il a fait écho en partie à ma vie ça m’a énormément touchée !
    L’amour de la danse est palpable, une Marion Barbeau que j’admire comme danseuse … et bien en tant que comédienne elle est également formidable… et puis que dire D ‘Hofesh … je suis une grande fan ! Un bonheur de voir la danse contemporaine en lumière !

    Merci pour cette découverte 😍

    • Reply
      Du Sable Sous Le Bitume
      22 mai 2022 at 22 h 24 min

      Tellement heureuse que ce film t’ait touchée. Et en même temps, je ne suis pas vraiment surprise. Ce film était fait pour toi 🙂

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